• 29.09.21

    J'ai changé de fac. Je suis revenue. J'y ai pas cru, je pensais que je ferais marche arrière, à qui ça arrive, de faire deux masters dans la même filière ? J'ai pas trouvé d'excuse tout de suite. Puis c'est apparu, gros comme une maison, allez bam, la pandémie, faut bien que ça serve à quelque chose. Je dis que je suis restée sur ma faim, que j'ai fait un master en théâtre mais pendant le covid, alors bon, vous imaginez. Je dis aussi : élargir le champ des possibles, en voir plus sur le métier qui m'intéresse. En fait, j'ai toujours rêvé de redoubler. Est-ce que c'est moins dur, avec deux ans de plus, est-ce que le décalage s'amoindrit ? Est-ce que je réfléchis mieux ? Est-ce que j'arrive à faire mieux ?

    Depuis mon passage à Galway les chamboulements s'amoncellent. J'ai déménagé cinq fois dans quatre villes différentes. Je me suis fait des amis, enfin pas à Galway, parce que je ne sortais pas, j'avais mal d'angoisse et tout allait trop vite, et puis ma coloc a supprimé son profil Facebook et ne m'a jamais reparlé. A Avignon, oui, what a blessing, ces amis, ces gens avec qui rire, manger, aller au théâtre ou à l'église (pas les mêmes), avec qui refaire le monde avec une pizza sur la place du palais des Papes, ou partager le travail et les nuits blanches. Enfin, je crois qu'ils sont mes amis, parce qu'ils me parlent très peu eux aussi, maintenant que je suis partie. Disons qu'ils me répondent.

    Je suis revenue dans la première ville où j'ai étudié. Je connais. C'est moins dur. Peut-être que j'ai cherché du confort. Sauf qu'ici les relations sont tellement difficiles à nouer, forcément quinze personnes c'est plus que les six d'avant, mon cerveau hurle sans arrêt elle est où ma place ? Moi je ne parle pas, je n'interviens pas, je rentre à peine dans le cercle, parfois on me tourne le dos - mais enfin il n'y a que moi qui fasse attention à inclure tout le monde ? Depuis trois semaines j'observe, j'analyse, parfois j'abandonne et j'attends, parfois je change de place. Souvent je m'en vais, il est là le décalage, dans le bruit la foule et l'alcool je fuis, je suis une meuf chiante et tout le monde le dit à demi-mot depuis longtemps, et moi aussi à force. Et je m'en fiche, de ne pas m'amuser ainsi, parce que justement ça ne m'amuse pas, j'ai le théâtre et les livres et la musique avec tout ce qu'il y a autour, ça me suffit. Je veux juste trouver ma place là-dedans et ça prend plus de temps que je ne le voudrais.

    Il est temps grand temps de faire ce que je n'ai pu faire l'année dernière : préparer l'hiver. Réfléchir à comment parer aux heures sombres, trouver déjà le réconfort aux crises, chercher comment garder (retrouver) l'équilibre. Je commence par ici : à bientôt.

     


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