• 15.01.22

    15.01.22Je t'entends mais je n'arrive pas à t'écouter. Il y a la foule autour, ça parle, ça fume, les vieux descendent les escaliers lentement, les lumières par terre, les lampadaires, le froid mordant, les lycéens un peu plus haut, les vélos, les gens qui surgissent essoufflés, et puis je te regarde et je te fais répéter, j'ai entendu le début mais la fin m'a perdue, ta réponse mais pas ta question, des fois je réponds n'importe quoi à cause de ça. Et puis les lumières dedans, le code, la porte, le numéro. J'entends la foule qui bouge et qui respire, ça rentre, ça s'assied, ça ressort, ça se salue et ça s'assied encore, ça passe devant, derrière, ça se lève, ça laisse passer, ça pianote en attendant que les lumières s'éteignent. Il n'y a plus rien à quoi me raccrocher - les premières années, il y avait une personne sur qui se concentrer mais il a fallu apprendre à fonctionner sans. A côté de moi, je ne connais pas, droite-gauche-devant, des têtes, des mains, des corps, des téléphones, des masques et des cheveux, depuis que je suis entrée je suis réfugiée dans un coin de la tête, tout en haut, perchée, un peu pliée, et je ne peux qu'observer. Qui s'affaire, qui communique de loin, qui renseigne, d'où vient la fumée, quelle partie exacte du plancher bouge à ce moment. Ensuite vous êtes deux et c'est plus facile, je redescends du perchoir un peu fatiguée et gelée par le vent glacé, mais pour la première fois en plusieurs mois je regrette un peu d'avoir décliné.


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