• Czentovic n'est pas très intelligent ni même très bavard. La seule chose dans laquelle il excelle, c'est le jeu d'échecs. Au point même d'en être un champion mondial, que personne ne bat.
    Un jour, notre narrateur apprend qu'il voyage sur le même bateau que le champion. Apprenant son histoire, il décide d'organiser une partie où ceux qui le souhaitent l'affrontent. C'est alors que surgit un autre homme, un inconnu, pour sauver leur partie. Pourtant, il affirme n'avoir pas joué depuis vingt ans ! Comment est-il devenu un aussi bon joueur ? Et pourquoi a-t-il arrêté ? C'est ce qu'il reste à découvrir...

     

    Stefan Zweig, Le joueur d'échecs

     

    Je ne sais pas comment qualifier Le Joueur d'échecs : roman court ou nouvelle longue ?

    Le début peut sembler un peu long mais, même si l'on n'est pas spécialement attiré par les échecs, on se retrouve pris dans l'histoire, notamment grâce au récit de l'inconnu qui se révèle très intéressant, parce qu'on découvre une facette méconnue de la Seconde Guerre Mondiale. Avec la fin, ce sont les deux points forts de ce livre qui n'est pas forcément très palpitant mais que je vous recommande tout de même, simplement pour le plaisir de lire une histoire bien écrite et pour les différents sujets qu'elle aborde. L'auteur nous décrit deux parcours qui s'opposent, deux mentalités totalement différentes, et les réactions des gens autour.

    Ce qui m'a frappée et ce que j'ai particulièrement retenu, c'est cette capacité de l'humain qui est décrite, de réussir à trouver une manière d'échapper à la folie qui le guette dans l'enfermement et surtout la persévérance du personnage qui s'y tient malgré tout. J'ai trouvé cette partie tout à fait admirable et merveilleuse; Le Joueur d'échecs est plutôt rapide à lire alors si vous avez un tout petit peu de temps devant vous, n'hésitez pas à vous plonger dedans.


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  • 2017 - jusqu'au bout

     

    Un trente décembre la nuit dehors // un trente-et-un les fenêtres des chambres ouvertes le vent dans les rideaux et le soleil partout

    J'ai revu mes cousin.e.s-merveilleus.e.s et la plus petite joue encore du piano à côté de moi, les grands ont fait le bilan ce matin ma grand-mère est au beau fixe, les guirlandes brillent, le vent secoue les branches dans le ciel bleu et il faut qu'on finisse de regarder Mary Poppins je chantonne supercalifragilisticexpialidocious.

    Peu importe l'année au final, mais je crois que celle-ci dans ses jours clairs et ses jours sombres, celle-ci horrible-heureuse, celle-ci fut belle et c'est bien l'essentiel.

    Pourvu que celle qui arrive soit encore plus merveilleuse pour vous et moi ♥.

     


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  • 2017 / année folle

    En fait non c'est la fac qui a tout changé, la fac l'option et le théâtre comme une délivrance, un apprentissage sans risque d'échec puisqu'en apprenant on n'est jamais perdant. Si on remonte avant c'est Phèdre en seconde qui m'a amenée devant le tableau plusieurs fois, Phèdre qui a ranimé l'idée du rôle, de l'interprétation, de l'écriture théâtrale dans mon esprit. En ce moment je lis somnolente Bérénice tous les soirs jusqu'à tôt la nuit ou tard le matin (l'inverse) et c'est une forme d'hommage ou de pèlerinage de l'amour et des vers. Le théâtre n'est peut-être qu'une lubie tu sais, j'ai été passionnée par d'autres choses qui se sont atténuées - sauf la littérature, alors il a peut-être une chance. C'est la fac-théâtre qui a tout changé parce que je commencais ma première année en septembre 2016 et qu'en décembre je parlais devant la cinquantaine de personnes de mon église sans rougir ni m'effondrer à cette idée. Parce qu'à partir de cette date je suis restée calme pendant, que j'ai osé regarder les gens, sourire, tenter d'expliquer, essayer de lâcher mes notes, et parce que depuis j'ai moins peur quand j'ai préparé.

    Mais c'était une épreuve, je me souviens des jeudis avec la boule bien installée dans mon ventre, l'angoisse immense de ne pas savoir répondre ou improviser ou imaginer, puis toutes les heures à se rendre compte qu'on ne connaît rien en théorie, et ce vide fabuleux qu'il fallait commencer à combler. Alors
    2016 / année-découverte
    2017 / année folle

    On n'oubliera pas les chutes, on n'oubliera jamais février qui pourtant semble déjà loin, on n'oubliera pas l'interminable été ni la lourdeur du temps et de la mort; on s'en souvient toujours. Mais on se rappellera de la première année validée, de Und en janvier et de Rosencrantz and Guildenstern are dead dans les jardins du Musée; de mon baptême en mai et de l'échappée à Arcachon fin août, du soleil insupportable mais salvateur; du semestre follement intéressant, de ceux qui m'ont appris à penser par moi-même, enfin, qui m'ont donné les clefs dont j'avais besoin, et à qui je dois déjà tant; de Wells, de Pinter et de Barker; et du constat que, comme chaque année, j'ai quand même moins pleuré que l'année d'avant.

    Il s'agira de ne pas être triste à Noël et de sourire à mes onze ans en murmurant tu vois tout va s'arranger, il s'agira de lire, il s'agira d'écrire et de ne pas avoir peur. Les premiers mois de 2018 s'annoncent cinéma à la fac j'ai hâte j'ai hâte; l'été s'annonce difficile parce qu'il faudra se dépasser et incredible parce que j'aurais vingt ans; j'aimerais bien pouvoir prédire 2018-assurance ou tant d'autres qualificatifs mais, on verra bien, on verra bien.

    (Si j'écris tant sur moi c'est que j'essaie de me comprendre, j'essaie de trouver où aller - )


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  • Je crois que
    j'aime celle que je suis en train de devenir.
    Celle qui lit avant d'écrire, celle qui lit pour mieux écrire. Celle qui lit pour avoir moins peur.
    Celle qui s'inquiète tant pour les autres et pour tout, celle qui a instinctivement besoin d'être seule.
    I'm still struggling, you know, et j'ignore complètement où je me dirige.
    Je crois que je commence à m'habituer à ce haut level de perception, je ne sais pas si on peut appeler ça une trop grande sensibilité, ce qui me fait profiter de chaque moment autrement, ce qui me fait regarder les choses plus attentivement, ce besoin de tout analyser, de tout comprendre, et cette sensation de sentir les images plus que de les voir.
    Quelque chose brûle à l'intérieur et me met dans un état fébrile toute la journée - peut-être que ce n'est qu'une phase qui sera achevée après janvier. Je ne sais rien, je ne connais rien, j'ai besoin de plus de culture, de plus de vocabulaire, de plus de leçons retenues, j'ai besoin d'art et de toutes ces questions qu'on se pose sur le monde le rapport aux autres le rapport au langage.

    J'écoute les autres argumenter et je suis remplie d'admiration pour leur capacité à analyser en temps réel, en utilisant les termes appropriés, sans jamais hésiter. J'en suis bien incapable. Est-ce que cela s'apprend vraiment ?
    J'ai des limites, trop de limites, et si je marche pendant une heure après le dernier cours c'est parce que j'ai besoin de respirer, parce que je suis limitée dans mon propre corps, parce que j'étouffe là-dedans et que dans ma chambre j'étouffe doublement. Je marche dans les rues vides et je me dis que certaines limites vont tomber, parce qu'elles sont ridicules et que je n'ai pas besoin d'aide pour les détruire.

    Je me dis toujours que je vais tomber, que j'ai besoin d'avoir confiance, que je devrais aller vers les autres, que je devrais parler, que je devrais arrêter de tout enfermer mais aujourd'hui j'ai atteint l'équilibre de l'autre côté du fil, celui où on ne pleure plus autant, celui où tout est à voir autrement.
    Je crois que j'aime celle que je suis en train de devenir pourvu que ça dure longtemps.


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  • Elle parle, ils expliquent et je comprends que c'est normal.

    Je ne me souviens plus d'avant. Il me reste des émotions, quelques images tirées pour la plupart des photos des albums que j'ai si souvent feuilletés. Je ne me souviens plus d'avant et je suis une autre depuis ce temps-là, depuis ce turning point qui ne vient pas de moi.

    Je comprends d'où venait la colère de mon adolescence. Les cris, les larmes, les crises, la spirale, la solitude, je les ai inscrits dans mon caractère et je m'en suis voulu mais ça n'aurait pas dû se passer ainsi.

    Je suis remplie de violence. Je me combats chaque jour et chaque nuit, je ne la laisse pas sortir. J'ai appris à la contrôler. Elle ne se voit presque plus.

    J'ai voulu oublier et je ne me rappelle plus des dates écrites sur les papiers que j'ai signés.

    J'ai voulu oublier et je me rappelle de tout le reste. Le temps s'est arrêté, s'est envolé, mais je sais encore dessiner la maison, j'ai dans ma mémoire l'image des yeux et de ceux qui partent. Chaque heure.

    Et ça ne s'arrête jamais.

    Et je crois qu'au-delà des nuits courtes, des réveils, du travail, de la fatigue normale, je suis fatiguée de me battre contre moi-même. Je suis fatiguée de tout contrôler, je suis fatiguée de ne pas réussir à parler.

    Elle est lumineuse et moi, l'obscurité même, je rêve d'être un jour aussi solaire.

     


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  • Parfois, on entend les gens dire ce livre m'a touché, ce film m'a émue, cette pièce m'a bouleversé. C'est toujours quelque chose qui me fascine, cette capacité qu'a l'art de ne jamais nous laisser indemne, encore plus lorsqu'on en ressort avec une perception différente des choses.
    La pièce dont je veux vous parler aujourd'hui, je l'ai d'abord lue, puis apprise, puis jouée en cours. Alors bien sûr qu'elle ne m'a pas laissée indemne parce que je l'ai travaillée, beaucoup de souvenirs y restent attachés - quand je la relis, j'entends encore la voix des autres et la mienne prononcer les mots du texte. Mais c'est bien plus que seulement des souvenirs.

    Quand je l'ai lue pour la première fois, personne ne m'avait donné d'information sur le sujet, je n'en donnerai pas non plus. Je crois que c'est important de lire sans s'y attendre vraiment; d'ailleurs la quatrième de couverture est un extrait qui ne donne pas d'indices sur le sujets des pièces. Face au mur est une pièce extraite d'une trilogie, publiée en anglais sous le nom de Fewer Emergencies. J'ai lu la pièce en anglais également, et pour une fois je dois avouer que je n'ai ressenti aucune différence entre la version originale et la traduction.

    C'est une pièce contemporaine; il y a quatre personnages, 1, 2, 3 et 4. Pas de contexte particulier, seulement quatre personnages qui parlent. Aucune didascalie, la mise en scène peut apporter beaucoup mais le texte est déjà extrêmement riche.

    Vraiment c'est une pièce coup de poing, claque, bouleversement, elle est dure à lire par son propos et sa résonance trop actuelle (publiée pourtant il y a quinze ans), elle est courte mais conséquente. Et cette écriture, c'est ce que j'aime avec les auteurs contemporains. Cette manière de passer outre les limites, d'ajouter de la sensibilité à l'horrible.

    Lisez Face au mur et les deux autres pièces de la trilogies, Tout va mieux et Ciel bleu ciel qui sont géniales elles aussi. Achetez-les, empruntez-les, regardez-les, et revenez me dire ce que vous en avez pensé.


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