• 05-18.10.21

    Les désaccords grondent au loin. Je les surprends au cours d'une conversation, d'un appel, d'une remarque un peu amère, ça rappelle des souvenirs d'il y a longtemps et c'est pas drôle, c'est dangereux, et en même temps je ne sais pas comment naviguer avec eux. Pendant longtemps j'ai fait comme s'ils n'existaient pas. J'ai répondu aux messages, j'ai souri aux bonnes paroles, j'ai donné les réponses aux questions, comme ça, presque avec le sourire. Mais qu'est-ce qu'on fait quand ça n'est plus possible ? Quand ça atteint trop les autres autour, quand ça tourne à la nécessité d'une fuite à laquelle on ne voulait pas s'attendre ?

    Peut-être que c'est dans ces moments qu'on fait la part des choses - je ne sais toujours pas ce que ça veut dire.

    Je ne sais pas si on va juste passer au travers.

     

    Beaucoup de choses moins graves, qui m'attaquent encore : les exercices d'improvisation et la panique de ne pas savoir quoi dire, les journées d'angoisse face à l'ordinateur, quand bien même j'ai des cours de critique depuis trois ans, les courses que je repousse depuis une semaine, comme avant, et toutes ces choses de la vie étudiante ici que je retrouve, alors que je ne devrais pas, que ça devrait être fini tout ça.

    C'est marrant, juste après il y a le soleil et le ciel bleu que j'aperçois entre les bâtiments, le soleil dans mes yeux quand je rentre de la fac le midi, systématiquement, une certaine douceur à cet automne un peu bizarre, un timide espoir que ce soit bientôt fini, un diplôme mention très bien, deux-trois oiseaux de nuit et la prof qui dit j'emmène les L3, est-ce que vous voulez venir (bien sûr que oui).

     

    Quand j'étais ado je lisais P. sur internet, je disais rien, je commentais pas, enfin si, le jour où elle est partie pour dire merci, d'avoir mis autant de poésie dans ma vie, et d'avoir ouvert devant moi une nouvelle page à écrire. P. parle maintenant d'autofiction quand on lui rappelle ces années. Un peu plus de liberté qu'avec le vrai de vrai. C'est quoi ici ? Une autofiction aussi ? J'aime bien ce mot. Les blogs sont dépassés mais avant, quand c'était hype, c'était l'espace performatif rêvé pour l'autofiction. J'ai essayé d'être quelqu'un d'autre mais je n'y parviens pas : ici c'est vrai mais la vérité remodelée à travers les virgules, les italiques et les répétitions.


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